« Profites. Profites en. Ça grandit vite. Trop vite. »

« Profites. Profites en. Ça grandit vite. Trop vite. »

La lune est pleine. Le sable est passé. Le début de semaine avec. Mes bébés n’en sont plus vraiment. Suis-je nostalgique ? Pas vraiment. Quoique sur les photos ça me fait un petit quelque chose. J’ai souvent entendu dire : « profites en. Ça grandit vite. Profites en de tes tout petits. »

Je crois que moi j’ai eu très vite envie qu’ils grandissent. Peut être parce que je n’ai toujours pas réalisé que ce sont les miens, mes enfants. Peut être que la césarienne d’urgence à joué un rôle dans tout cela. Peut être aussi parce que c’est une période ingrate. Où tout donner est la priorité. Je crois que j’ai envie qu’ils grandissent pour qu’on discute, que l’on parle, que l’on se comprenne. J’ai envie qu’ils marchent aussi pour épargner mon dos et mes épaules. J’ai aimé les voir évoluer mais on est passés par tant de galères. Marcher des heures pour les endormir. Les bercer sans cesse. Manger debout quand on le pouvait. Ne pas compter nos heures de sommeil. Les veiller. Les endormir pendant 1h pour se réveiller au bout de 15min.

Alors oui, j’ai essayé d’en profiter comme j’ai pu avec la dépression post-partum et tout le reste. Parce que oui elle m’a volé bien des instants qui ne reviendront jamais la dépression post-partum. Nostalgique je le suis quand je pense à elle. À ces instants floutés que je vais oublier avec le temps. Ces semaines, ces mois à ne plus être moi. À maudire et haïr tout ce qui se trouve à côté de moi. Et ces torrents de larmes. Elle m’a brisé puis volé tous ces moments avec mes deux enfants. Alors j’ai essayé, j’ai avancé toujours, avec elle comme ombre de moi-même.

J’ai profité de leurs grands yeux ronds et marrons. De leurs cous, leurs nuques. J’ai profité de ce bout de peau entre leurs deux yeux pour les embrasser. Et leurs joues potelées. J’ai profité de leurs sourires et de leurs rires. De leurs sourires sans dent et dont 5 sont apparues depuis. De leurs ventres et leurs côtes pour les chatouiller. J’ai profité de leurs cheveux grandissant à toute allure. De leurs mains m’aggripant. J’ai profité de ces moments de portage. J’ai profité de leurs bouts de nez qui rencontre le mien. De leurs fronts pour les carresser. J’ai profité d’eux dans leur globalité. J’ai profité d’eux tout entier. Seulement d’eux. Pas de nos moments à trois. De nos instants à 4 oui. À 3 non. J’ai essayé parfois je n’ai pas pu, pas réussi. J’ai toujours fait de mon mieux. Mais j’ai hâte qu’ils grandissent. Encore.

Rien n’est acquis mais certaines choses sont plus faciles avec le temps. La thérapie aussi et à son tour la dépression s’envolera. Peut-être que cette période me manquera. Leurs bouilles de bébé devenus des petits garçons. Oui sûrement. Leurs cuisses dodus et leurs joues à bisous. Oui probablement. Ils ont bientôt un an. Un an déjà. 365 jours qu’ils sont bientôt près de nous. Le temps est passé vite. Je ne m’en remet pas. Ils étaient si petits. 42 petits centimètres seulement et tout mon monde pour eux. 42 centimètres en double, ma vision trouble mais mon amour toujours. Décuplé. Multiplié pour tous les centimètres en plus. Et plus encore. 84 centimètres à deux. Il y a des chiffres, des nombres qui marquent à jamais. 42 centimètres par bébé et aujourd’hui déjà si grands. Si grands mais jamais autant que tout mon amour. Un amour dont je n’avais jamais imaginé autant l’immensité.